1. Faut-il s’attendre à une chute de la bourse avec le retour de l’inflation ?
En théorie, une inflation plus forte n'est pas une bonne nouvelle pour le cours des marchés financiers pour trois grandes raisons.
Premièrement, Le capital coûte plus cher. Car face à un taux d’inflation qui s'installe, les banques centrales se doivent d’augmenter les taux directeurs. D’ailleurs, la Banque centrale européenne (BCE) vient de relever (été 2022) ses taux directeurs de 50 points de base. C’est tout simplement une première depuis 11 ans et cela met fin à des taux négatifs ainsi qu’à une politique monétaire accommodante. À compter du 27 juillet 2022, le taux des passera à 0,50%.
Et cela finit par se répercuter sur les entreprises car celles-ci empruntent de l’argent avec un taux d’intérêt plus élevé. La situation de marché devenant moins avantageuse pour elles, le cours de leurs actions peut s’en ressentir.
Deuxièmement, si les taux d’intérêts augmentent, cela veut dire que les rendements obligataires repartent à la hausse. Il se pourrait donc que les gérants de fonds viennent investir plus de capitaux sur cette classe d’actifs et un peu moins sur les actions. De fait, la tendance de la Bourse sera baissière.
Enfin, les entreprises sont directement touchées par la hausse des prix : notamment au niveau des matières premières. Certaines d’entre elles répercutent la hausse des prix directement aux consommateurs alors que d’autres ne le peuvent pas, ce qui les contraint à réduire leur marge. Ces dernières voient leurs dividendes baisser à terme car les bénéfices fondent.
Le taux d’inflation en 2022 en quelques chiffres :
Entre 2012 et 2021, l’inflation aux États-Unis et en Europe reste maîtrisée (contenue entre – 0,5 % et + 3 %), avant d’engager une croissance notable dès début 2022 pour atteindre les seuils suivants :
Au 1er trimestre 2022 :
- États-Unis : + 8,0 %
- Zone Euro : + 6,1 %
- France : + 4,2 %
Au 2ème trimestre 2022 :
- États-Unis : + 7,6 %
- Zone Euro : + 7,5 %
- France : + 5,4 %
Au 3ème trimestre 2022 (données estimatives) :
- États-Unis : + 7,0 %
- Zone Euro : + 7,6 %
- France : + 5,6 %
2. L’évolution des principaux indices boursiers
Mieux que des mots, voici quelques graphiques représentant les indices boursiers les plus connus. Voici leur évolution depuis 5 ans (2017).
- CAC 40 (notre indice vedette !) : indice français des 40 plus grande capitalisation
- Euro Stoxx 50 : indice européen des 50 plus grandes capitalisations
- Down Jones : indice américain le plus ancien
- Nasdaq : indice américain avec un biais dédié aux valeurs technologiques
3. Quelles conséquences de l’inflation sur les marchés financiers ?
À travers les graphiques précédents, vous pouvez constater l’impact de l’inflation depuis la fin de l’année 2021. Ce constat reste sommaire et nous n’allons pas faire une analyse macro et micro économique excessivement poussée. Ce serait bien trop présomptueux.
En revanche, des tendances de fonds se dessinent.
Wall Street résiste…
L’inflation aux Etats Unis a atteint 7% en 2021. De l’autre côté de l’Atlantique, elle a été surnommée la « Bidenflation » en rapport avec le plan de relance initié par le président. Cet emprunt américain a conduit à une croissance plus rapide du PIB (Produit Intérieur Brut) et donc à une inflation plus forte qu’en Europe en 2021. Par conséquent, la consommation des ménages, premier moteur de croissance pour les USA, est bonne grâce à un pouvoir d’achat maintenu.
Mais la Banque Centrale Américaine (la FED) a dû relever ses taux directeurs et durcir sa politique monétaire afin de limiter l’inflation.
La France aussi…
Certes, ce n’est pas la panacée, mais notre pays résiste sur plusieurs plans. L’inflation est moins importante que chez nos voisins. Nous sommes un peu moins dépendants du gaz russe et de l’importation d’énergie que l’Allemagne par exemple. Cela ne veut pas dire pour autant que notre économie n’est pas touchée et de fil en aiguille, le CAC 40.
Nous voyons que notre indice phare est impacté en 2022 par l’inflation, sans aucun doute.
Des bourses européennes qui souffrent...
C’est le « Vieux Continent » qui est au centre des attentions. En effet, le moteur économique de l’Europe, l’Allemagne, connait une inflation particulièrement forte, comprise entre 7 et 8% mi 2022. Elle est concernée de plein fouet par l’approvisionnement de gaz russe. Cette dépendance est une cause principale de la hausse des prix à la consommation.
Les autres pays historiques suivent cette tendance.
D’autre part, l’euro perd du terrain face au dollar. Cela entraine certes une amélioration des exportations, mais cela amplifie les soucis d’importation avec des prix détonnant !
Tout comme les technos !
Cela faisait 20 ans, depuis la bulle internet, que les valeurs technologiques n’avaient pas autant été secouées. En effet, de nombreuses grandes sociétés à vocation technologique ont vu leurs ventes gonfler au début de la pandémie de coronavirus. Les consommateurs confinés recherchant des produits utilisables de chez eux. Certaines entreprises ont condensé cinq années de croissance en deux ans ! Cet engouement a cessé avec la fin des confinements et une certaine forme de rationalisation a touché ces valeurs qui avaient peut-être été trop surévaluées.
De plus, les blocages en Chine des chaines de production n’ont rien arrangé (composant informatiques) avec leur politique 0 COVID.
4. Les réponses européennes et internationales
Globalement, si les marchés réagissent négativement à l’inflation, c’est avant tout parce qu’elle est subie.
Les gouvernements successifs ont tenté de maintenir la hausse des prix au-dessus de 2%. Car oui, notre système économique a besoin d’inflation pour fonctionner.
En France
En dépit du fait que l’inflation est moins forte dans l’Hexagone que dans le reste de l’Europe, le gouvernement a dû prendre des mesures pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages. Car, si les citoyens peuvent acheter, les entreprises gardent leur marge et leur cours en Bourse est maintenu. Donc, il y a une hausse des pensions de retraite, des APL, défiscalisation de primes, baisse des cotisations sociales des indépendants, etc…
D’autre part, sur un plan immobilier, la hausse de l’indice de référence des loyers (IRL) est bloquée à 3,5%. Certes, du point de vue des locataires, cela reste élevé. Selon les propriétaires, et notamment ceux qui relèvent de baux commerciaux en résidence service, cela peut être une bonne surprise car la réévaluation est basée sur cet IRL.
En Europe
L’Union Européenne est face à une crise économique importante car l’inflation est due à plusieurs facteurs. Malheureusement le conflit russo-ukrainien a cassé la reprise économique d’après COVID.
La Banque Centrale Européenne n’a pas d’autre choix que d’augmenter ses taux directeurs pour contrecarrer la hausse des prix. Cela fait suite à plusieurs années de taux négatifs. Mais l’effet ne se fera pas sentir tout de suite.
Cette décision n’a pas été bien accueilli par les marchés européens a contrario. Ils jugent qu’il y a encore un flou dans la politique de taux. La hausse arriverait trop tard (par rapport aux USA notamment) et ne serait pas assez forte à la vue de l’aide aux ménages qui creuse les déficits.
Aux Etats Unis
La banque centrale américaine a bien relevé ses taux directeurs en 2022. Comme nous l’avons dit, plusieurs centaines de milliards de dollars ont été injectés pour relancer le pouvoir d’achat des ménages après le COVID.
Et ce n’est pas fini car la FED compte bien utiliser tous ces outils pour lutter contre l’inflation. Elle s’est contractée mi 2022. L’objectif avoué est de revenir à une augmentation des prix plus raisonnable autour de 2%.
Finalement, la conjoncture de 2022, hyperinflationniste en Europe, découle de plusieurs phénomènes :
- L'après COVID (en tout cas, au moment où nous écrivons ces lignes !) et ses périodes de confinement mondial qui a ralenti extrêmement la production notamment en Chine.
- La guerre en Ukraine qui impacte fortement l’approvisionnement et le cout de l’énergie en Europe.
- La hausse des prix à la consommation qui a été plutôt maitrisée depuis les années 2000.
Le souci de la hausse des prix à la consommation réside dans le fait qu’elle soit subie. Et c’est exactement ce qui se passe en ce moment. Les pouvoirs publics ne font que réagir et les Bourses constatent les dégâts.
Enfin, l’impression du lien entre inflation et marchés financiers est accrue du fait que les indices principaux mondiaux étaient à des niveaux élevés. Le CAC 40 ayant même battu son point le plus haut historique.
Car si l’inflation est maîtrisée, les marges sont maintenues plus facilement et les actifs boursiers progressent en général. N’hésitez pas à nous contacter pour creuser le sujet et adapter au mieux votre épargne à la situation des marchés.
On vous accompagne dans les étapes de votre projet !